Arnaud Corbier
"Début du mois de mai, cinq heures du matin. Le même rituel répété inlassablement, enfilage des bottes et tasse de café.
Sac sur le dos, dans la nuit, je marche avec comme unique compagnon le son de mon souffle. Décor fantasmagorique, sous les étoiles et habillé par la brume, le grand étang est recouvert d’un voile pâle, dans lequel quelques ombres vont et viennent à la surface de l'eau, semblables à des spectres de contes pour enfants… Féérie.
Couché le long de la berge, j’attends, savourant l'odeur du limon. Le noir cède sa place au bleu. Je ne suis plus seul, enfin le peuple lacustre s’agite, la symphonie matinale de leurs conversations emplit l’espace sonore. Sourire.
En un instant, des faisceaux orangés se découpent sur la colline, projettent des éclats ambrés et colorent progressivement tout ce qui m’entoure d’une lumière chaude. Des silhouettes sombres voguent et se détachent sur une mer de soufre. La brume s’embrase. L’étang s’éveille. Pure joie."
© Arnaud Corbier